samedi 27 avril 2013

DISTINGO OU LA COM DE PSA

Alors, eux, ils manquent pas d’air… PSA BANQUE, le bras financier de PSA balance quelques dizaines de milliers d’euros pour faire la pub de son produit financier, Distingo, qui vous rapporte plus que les autres (ça reste à prouver, faudrait lire les petits caractères) et surtout, surtout, qui finance « l’économie réelle ».

On sait tous, ou alors on est aveugles, que « économie réelle » pour PSA, c’est plan social et licenciements. PSA, il fait la manche auprès des petits épargnants pour financer ses plans sociaux et accélérer son processus de délocalisation. En clair, il veut ton fric pour t’appauvrir.

Ben oui, t’appauvrir. Parce que les indemnités chômage des mecs de PSA, c’est toi qui vas les payer. Parce que la baisse induite de la consommation, c’est toi qui vas la payer. Alors les 5% sur quatre mois… d’abord, après 4 mois, ça revient à 2,2%, un peu mieux que le livret A sauf que c’est pas exonéré d’impôts . Et donc, la rentabilité annoncée, c’est comme le reste…

Bon, PSA me prend pour un con. Voilà vingt ans que les managers de PSA, ils se plantent sur « l’économie réelle ». Ils font les mauvaises voitures pour les mauvais marchés. Mauvais en Europe, mauvais sur les marchés émergents, mauvais sur le bas de gamme et pas très bons sur le haut de gamme. Ils accumulent les pertes dans l’économie réelle mais ils s’en foutent, ils ont la variable d’ajustement : le personnel.

Y’a vingt ans, t’allais en Afrique, y’avait que des Pigeot…. Ils se sont fait bouffer par les Japonais… Ils ont tout parié sur le diesel, ils sont en train de se faire rattraper par l’écologie. Ils ont été les premiers en Chine et les premiers virés de Chine. PSA n’a aucune vision à long terme. Pour Distingo non plus : 4 mois, point barre. Leur "économie réelle", c'est ça : pertes et licenciements...

C’est pathétique.

On en reparlera….

vendredi 19 avril 2013

HLM PAS CHER

Tout le monde s'affole sur le HLM de Frigide Barjot. S'il n'y avait que ça...Tiens, j'avais un copain....

C’est con, j’ai oublié son nom. Pas son prénom : Daniel. Le mec, il bossait à la Banque des Pays-Bas, avant la fusion avec la BNP. Polytechnicien, montagnard, brillant et rigolo.

Il avait en charge le patrimoine immobilier de la banque, il gérait quelques milliers d’appartements et de bureaux dans Paris. Dans son job, y’avait un secteur sensible : les appartements réservés.

Explication : la banque gardait quelques dizaines d’appartements, dans les beaux quartiers, soumis à la loi de 48. Genre 200 m2 dans le 7ème avec un loyer de 1000 euro par mois. Vachement pas loi de 48, en parfait état, bien entretenus, mais bon, les loyers, ils étaient loi de 48. L’affaire du siècle.

Son boulot, c’était d’identifier et de sélectionner les gens qui cherchaient un logement et qui pouvaient aider la banque. Le profil type, c’était le jeune député, fraichement élu, avec les dents qui rayent le parquet et dont on pouvait imaginer qu’il allait faire une belle carrière. Celui-là, il l’approchait et il lui proposait un logement. Tu résistes, toi, à une proposition comme ça ?

Après, c’était facile. Quand le jeune loup était installé, on lui faisait savoir que telle proposition de loi pouvait être amendée. Finement. Sans scandale. Un bel amendement bien technique que le député risque rien mais que la banque y trouve son intérêt. Ça pouvait aussi marcher pour les bureaux, lors d’une campagne électorale, par exemple, ou pour les permanences, un parlementaire, ça a des besoins immobiliers. Eventuellement, un studio pour les études du petit. Ces choses-là, les petits services entre gens de bonne compagnie…

Y’avait aussi quelques artistes. Après quand t’as besoin d’un chanteur pour l’arbre de Noël du personnel ou d’un acteur pour une pub, ça aide.

Daniel, il m’avait raconté ça un jour, chez Claude, rue de Provence, devant un petit Saint-Pourçain. Pour moi. Lui, il buvait du Perrier. Ça t’éclaire l’oligarchie, ce genre de trucs.

J’aimerai qu’on en parle dans la transparence : qui loge qui ? Parce que si t’es député et que ton bailleur c’est Axa, t’as pas la même vision de l’assurance-vie. Forcément.

D’autant que le choix n’est pas politique : je veux dire qu’il y a autant de parlementaires de gauche que de parlementaires de droite dans la panier des banquiers. Sont pas cons, les banquiers, ils savent bien qu’un futur ministre reste un futur ministre quelle que soit la couleur du gouvernement.

Bon, alors, on la fait cette liste ?

mardi 16 avril 2013

LA PLACE EST BONNE

On est complètement à côté avec cette histoire de patrimoine. Réflexion nulle. Ce qui fait que je vais me faire copieusement engueuler. M’en fous.

Ayrault, patrimoine de 1,5 M€, loin derrière Fabius. Fabius, ça me choque pas, c’est un héritier. Il avait pas une cuillère d’argent dans la bouche à la naissance, il avait toute la ménagère. J’ai rencontré sa maman, il y a trente ans : elle avait cinq chevaux en pension au Cercle de l’Etrier. Tout est dit.

Ayrault, fils d’ouvrier agricole et de femme au foyer, c’est pas la même chanson. Prof d’allemand. Même pas agrégé (les agrégés, c’est mieux payé). A soixante balais, il a économisé 1,5 millions d’euro. Alors, moi, la question que je me pose est la suivante : est ce que ce patrimoine est logique ? Quelle est la moyenne des patrimoines des profs d’allemand de 60 ans nés sans fortune ?

Et donc, si le patrimoine d’Ayrault est supérieur au patrimoine des mecs qui lui ressemblent, c’est qu’il a un truc. Et ce truc, c’est la politique. Il a été Maire, Président de Communauté d’agglomération, Député. C’est comme ça qu’il a construit son patrimoine. Le bon con de base, comme moi, il le subodore bien. Il le dit avec ses mots : « La place est bonne ».

Les économies d’Ayrault, c’est le peuple qui a payé. Un maire, un député, ça a pas de frais. La voiture, la bouffe, c’est le peuple qui paye. Quand t’as pas de frais, tu fais ta pelote. Forcément.

Tiens, une idée. Et si on payait les députés sur la base de leurs salaires avant qu’ils soient élus ? Avec un plafond quand même, faut pas exagérer. Après tout, contrôler la masse salariale, c’est de la saine gestion, le patronat nous le dit tous les jours

Remarque Fabius, il est actionnaire de PIASA. Société de Commissaires-Priseurs et donc Officiers Ministériels. Le Ministre, il est actionnaire d’une boîte dont les revenus dépendent d’une charge de l’Etat. Pas très net… Je doute, mais chez moi et depuis Descartes, le doute c’est hyperbolique et maladif.

Les autres… La cancérologue, elle a économisé sur le trou de la Sécu, je pense…. J’arrête, je vais devenir désobligeant….

lundi 15 avril 2013

MAITRE ET SE FAIRE METTRE

Il faut le rappeler, le dire et le redire… Depuis 1792 et la loi Le Chapelier, le titre de Maître n’existe plus en France.

Alors, quand vous voyez un gros menteur s’en emparer, sachez que vous en train de vous faire enfler par un communicant.

C’est qu’on vit environné de Maîtres autoproclamés. Maître-boulanger, Maître-menuisier, Maître-Restaurateur. Les métiers de bouche aiment bien les Maîtres. Ça vous a un petit parfum de tradition, de Moyen-Age, de légitimité historique.

Sauf que comme c’est pas un titre, c’est pas contrôlé. Le pâtissier du coin, il se nomme Maître tout seul. Il a le droit vu que ça veut rien dire. Il risque rien. Des fois, il a même une plaque. Guilde des Maîtres-rôtisseurs. Les guildes ont été supprimées, il y a plus de deux siècles. Il a juste adhéré à une association qui lui a vendu la plaque. Une association qui s’est autoproclamée Guilde. Elle a le droit. C’est un mot comme un autre mais qui ne recouvre rien et surtout pas le droit de délivrer un diplôme professionnel.

Tout ça permet de vendre un peu plus cher, d’augmenter un peu les marges, mais c’est un immense pipeau.

N’oubliez pas : le mec qui se nomme Maître, c’est juste pour vous mettre.

LA GRONDE EST UN PROJET

Sa réussite dépend de vous comme de nous.

1/ LA GRONDE sera un journal. Papier. Vendu 1 euro.

Vu comme ça, ça paraît très ringard. Du papier aux temps du web !!! Oui. Car nous pensons aussi, et d’abord, à ceux qui n’ont pas de connection. Il y en a, beaucoup plus qu’on ne l’imagine. Et puis, un journal, ça a une adresse, une équipe, connue et identifiée et pénalement responsable. Nous ne voulons pas de contributeurs anonymes cherchant seulement à se défouler. Nous n’avancerons pas masqués.

UN EURO, c’est rien. Ça nous oblige à inventer un nouveau modèle économique. A moins que nous ne remettions à l’honneur un vieux modèle basé sur la solidarité, la mise en commun, le travail et les informations partagées.

2/ LA GRONDE vendra de l’information.

Bien sûr qu’il y aura aussi des coups de gueule. Il en faut. Mais ce n’est pas l’essentiel. De l’information, ça veut dire de la recherche, de la vérification, des éléments pour analyser… Pas juste des communiqués de presse.

Nous vivons dans un foutage de gueule permanent, dans un monde de communication pure déconnecté du réel, de ce que nous mangeons, des lieux où nous vivons. A nous, tous ensemble, de décrypter, de fouiner, de dénoncer les menteurs professionnels.

Et de faire circuler cette information. Un citoyen libre est un citoyen informé.

Vos compétences, vos idées, vos informations nous sont indispensables.

Laissez nous vos messages sur journallagronde@gmail.com

Messages avec vos coordonnées, vos noms et adresses, vos savoirs et vos compétences. Les anonymes ne sont pas les bienvenus.

dimanche 14 avril 2013

LA VIEILLE DAME


Dans les pourrisseurs de vie quotidienne, il y a les bailleurs sociaux. Ça fait bien bailleur « social ». Un bailleur social, c’est un promoteur pas con. Il gère des appartements HLM. C’est payé moins cher, mais c’est payé sûr. Le plus souvent, ils encaissent les APL ou les aides diverses. Leur locataire n° 1, c’est l’Etat (ou les collectivités territoriales), c’est à dire l’argent public. Le tien, le mien…. Le bailleur social, il peut avoir des impayés, mais c’est que dalle… 80 ou 90% des loyers sont garantis. Le bailleur social, son locataire préféré, c’est l’immigré au RSA avec des APL Pas de risque.

Après des années de bagarre, la vieille dame, elle arrive à faire revoir son installation électrique par son bailleur social. Il s’appelle Domaxis. Il a un peu renaclé, le bailleur social, la dépense, c’est pas son truc. Mais quand même, une installation de cinquante ans avec des fusibles en porcelaine, ça peut faire vilain. La vieille dame est contente.

Y’a une semaine, elle m’appelle. Je lui sers de poisson pilote, elle sait pas très bien écrire, se plaindre ni, surtout, se défendre. Elle est paniquée. EDF vient de sortir de chez elle pour un relevé de compteur. Or, elle n’a plus de compteur !!!!! Le mec, il lui a dit qu’elle avait pas le droit d’enlever le compteur. Elle est paniquée. Elle appelle au secours.

J’y vais, elle me raconte. Il y a quelques mois, elle a reçu un groupe d’ouvriers, basanés et ne parlant pas un mot de français. Ils avaient du matos, ils semblaient savoir ce qu’il y avait à faire, elle ne comprenait rien à ce qu’ils disaient, mais bon…vous savez ce que c’est ? Une vieille dame de près de 80 balais, quatre mecs qui bougent dans tous les coins, elle a laissé faire. Ils sont partis trois jours après, elle a admiré les fusibles tout neufs, la boîte et les gaines, tout allait bien pour elle. Sauf que les mecs, ils ont enlevé le compteur.

Je l’ai interrogée. A priori et si mes souvenirs de Langues O’ sont bons, elle a eu affaire à des Pakistanais ne causant que l’ourdou, langue dont elle ignore tout Au début des travaux, Domaxis, donneur d’ordres n’était pas là. A la réception des travaux, non plus. Le donneur d’ordres, c’est le responsable pénal, faut pas oublier. Pas la locataire. Mais EDF, c’est la locataire qu’ils intimident. Forcément, c’est elle qui ouvre la porte.

Première question : quel est le statut de ces ouvriers ? Sont ils en situation légale ? Le bailleur social Domaxis qui vit des subsides de l’Etat n’est il pas tenu de veiller à la parfaite légalité de ses intervenants ? Faut vérifier…. J’ai des doutes….

Du coup, elle s’est lâchée, la vieille dame. Elle m’a parlé de l’ascenseur toujours en panne. Vu son âge et son état, pour elle, c’est une catastrophe. Mais là aussi, Domaxis cherche les économies. Saine gestion. Rentrer un max de fric, pressurer les sous-traitants pour en sortir un minimum. Tout ceci avec une population de locataires fragilisés qui sont mal placés pour se défendre. Il est où le « social » ?

Racontez-nous vos problèmes avec vos bailleurs « sociaux ». Regroupez vous autour de nous. Groupés, on est plus forts. Les exploiteurs des plus faibles doivent être combattus. Non ?

MORALISER ? CHICHE !

Bon, voilà qu’on nous la joue morale. Pour la énième fois, on veut moraliser la vie politique.Surtout Harlem Désir..J'aimerai qu'un journaliste nous fasse l'histoire de son patrimoine depuis Touche pas à mon pote.

Je vais vous dire : une bonne loi de moralisation, elle devrait être simple, quasiment naïve. Un article, un seul : « En fin de mandat, le patrimoine d’un élu de la Nation doit être strictement le même qu’en début de mandat. Toute augmentation fera l’objet d’une mesure confiscatoire ».

J’admettrai juste une exception : la valeur du domicile principal. C’est tout et à condition qu’il n’y ait pas eu déménagement.

Rien de plus. Un patrimoine qui augmente pendant un mandat, c’est suspect. Les élus, ils sont payés, plutôt pas mal, frais compris pour faire leur boulot. C’est fait pour leur éviter de travailler. S’ils font des économies, c’est qu’ils sont trop payés. CQFD.

Pour le reste, tout est suspect. Un parlementaire, il est payé pour s’occuper de tout le monde. Pas d’une partie des électeurs. Pas de ses clients. Pas de ses intérêts. 100% pour le public, rien pour le privé. Sinon, tu glisses dans le clientélisme, éventuellement communautariste.

T’as un gros paquet d’actions de la BNP, ça va forcément t’influencer quand tu votes une loi bancaire. T’as un terrain sous-payé dans un coin de ta circonscription, ça va forcément t’influencer quand tu vas prendre des décisions d’aménagement du territoire.

T’es député et avocat, spécialiste du droit de l’urbanisme, par exemple. Tes clients, c’est les grosses entreprises du BTP, les promoteurs. Vas-tu voter contre les intérêts de tes clients ? Non, bien entendu. Tu vas trouver des amendements qui feront leur bonheur, tu prendras un maximum de renseignements pour tourner la loi que tu es en train de voter, si tu peux pas faire autrement. C’est du bête clientélisme. Et cette action clientéliste, elle augmentera ta clientèle, tes revenus, ton patrimoine. Tu utilises ta fonction publique pour créer un bénéfice privé, le tien. Et donc, je ne vois rien d’anormal à ce qu’on te gratte cette augmentation de patrimoine que tu dois à tes électeurs, pas à tes talents.

Ça peut aller loin. T’es député et restaurateur. T’es sûr que ton élection va t’attirer une clientèle. Tous ceux qui ont envie de faire copain avec toi pour te demander un service. Ton chiffre d’affaires va augmenter. Pas parce que t’es un bon cuisinier. Parce que t’es député.

Mais à ce compte, le député de base peut plus rien faire. Si. Il peut s’appauvrir. Rigolez pas, ça s’est vu. Jacques Laffitte, banquier, député d’extrême gauche, ruiné par ses œuvres, ses votes et ses décisions, au point que ses électeurs (populaires) ont lancé une souscription pour qu’il puisse racheter sa baraque. Tu peux y croire ? Des milliers de pauvres qui se cotisent pour racheter la maison d’un banquier ? Bon, j’admets, un député en deux siècles, c’est pas beaucoup. Et puis il venait d’une ville, Bayonne, où on n’est pas banquier pour s’enrichir, ni joueur de rugby pour gagner. Faut juste que ça soit beau. Beau, propre et moral. Utopiste ? Peut-être mais quand je doute, je pense à Jacques Laffitte.

Faut réfléchir, imaginer. Tu votes une loi comme celle-là, d’un seul coup, tu divises par deux (au minimum) le nombre de candidats aux élections. Tu verras comment que tu vas alléger le poids des convictions et des certitudes idéologiques. Si tu crois qu’un mec comme Cahuzac, il s’est fait élire pour amener le prolétariat sur les lumineux chemins du socialisme, faut te faire soigner.

Maintenant, je suis tranquille. Une loi comme celle-là n’a aucune chance. Quand tu vois que le Mélenchon il est contre la publication de son patrimoine, ça relativise le goût de la transparence.

On va nous sortir une belle usine à gaz, incontrôlable. Et on continuera de voir fleurir le clientélisme. Ça sera un peu mieux, mais pas parfait. On a le droit de rêver de perfection, non ?

Tiens, j’aimerais susciter une sorte de mouvement populaire, un truc qu’on appellerait « Elu ou riche ? ». Parce que tant que le pouvoir enrichira, les doutes planeront. Chiche ?

LA DEMOCRATISATION

Douglas l’a dit : « Simplifier, c’est démocratiser ». Ça, je l’entends depuis des années. En simplifiant le gavage du canard, on démocratise le foie gras. En simplifiant la grammaire, on démocratise le savoir. On démocratise tout, les voyages, la bagnole, l’informatique, la musique et l’accès à l’art. Simplifier, c’est simplifier. Rien de plus, rien de moins. Simplifier, ça permet au plus grand nombre d’accéder à quelque chose qui ressemble, plus ou moins, au modèle d’origine. Moins ça y ressemblera, plus le nombre sera grand. Dans ces conditions, il faut être gonflé pour parler de démocratisation. Juste un exemple : l’automobile. L’icône de la démocratisation, c’est la 2CV. Un parapluie sur quatre roues, avait dit André Citroën. On est loin des Facel-Vega, contemporaines de la 2CV. A mes yeux, démocratiser aurait été d’offrir à tout un chacun la possibilité de s’acheter une Facel-Vega. Pas un ersatz. D’ailleurs la démocratisation a des limites. Le marché, le sacro-saint marché, y veille. Dès que t’as trois ronds, t’achètes une voiture plus chère, une voiture qui te met au-dessus du vulgum pecus. T’achètes aussi des grands crus plutôt que des petits Bordeaux, des fringues griffées plutôt que du prêt-à-porter chinois et t’habites les beaux quartiers plutôt que les banlieues pouraves. Démocratiser, c’est vachement joli. Républicain, quasi socialiste, c’est que des connotations positives. Le mec qui dit « je démocratise », il vient de sortir une kalachnikof idéologique. En face, t’es mort. C’est l’arme absolue. Sauf que cette démocratisation est seulement le moyen de creuser une faille sociale, de diviser la société deux camps : ceux qui ont et ceux qui croient avoir. Tu files le bac à 90% des mômes, t’en as plein qui se croient à égalité avec les autres. Moi aussi, j’ai le bac. Ils ne veulent pas voir, pas savoir, que ce n’est pas le même bac. Au moment de l’entretien d’embauche, la faille leur reviendra à la figure. C’est pas très neuf. On retrouve l’idée chez Bourdieu il y a plus de cinquante ans. Bourdieu avait bien mis en évidence que le vrai marqueur social, c’était la « culture générale » qui s’exprimait alors par la littérature classique. On a donc démocratisé, c’est à dire qu’on a flingué avec bonheur l’enseignement littéraire. Ce qui n’a pas empêché les « héritiers », comme disait Bourdieu, de piocher dans la bibliothèque des parents, de surveiller leur langage et de continuer à se reproduire, non plus comme classe, mais comme caste. La simplification de la langue a admis les fautes d’orthographe, les à-peu-près du vocabulaire et l’irruption dans des langages tribaux. Toutes choses qui ne démocratisent pas, au contraire, mais qui fonctionnent comme des marqueurs sociaux négatifs. L’ascenseur social, il fonctionne à la parole. On est contents : à la télé, y’a des gens bien qui parlent verlan. Un mot de temps en temps, un « keuf » ou un « bissif » glissés dans le discours. Le signe qu’on est moderne et populaire. Mais c’est parce qu’on est à la télé. Ça ne signifie rien de plus que de voir un haut responsable de la SNCF sans cravate à l’antenne. Il a enlevé la cravate avant la prise, histoire de faire décontracté. Il la remettra pour aller rendre compte à son Président. On ne parle pas de « keuf » dans les conseils d’administration. Ça m’insupporte. Faire croire à des mômes que le monde n’est pas ce qu’il est. Que tout est possible au moment où tous les possibles se ferment. Que quelques cas particuliers peuvent être généralisés. Que les signes sont équivalents. Il y avait un truc comme ça, il y a quelques années. Les clubs du livre. Des pages et des pages de pub dans Télé 7 Jours. Tu payais une mensualité et t’avais Balzac ou Jean de Meung dans ta bibliothèque, tout neuf, relié faux cuir sur papier façon vélin. Les mecs, ils achetaient et ils exposaient dans leur salon, croyant signer leur culture alors qu’ils affichaient leur pauvreté. C’était moins cher que les mêmes titres en Pléïade. On pensait se valoriser, on se rendait pitoyable. Mais on n’avait pas les armes pour saisir la différence. Démocratiser, ce n’est pas encourager l’achat, c’est donner les armes pour acheter, pour discriminer. C’est expliquer que c’est jeter de l’argent par les fenêtres, que l’édition n’est pas bonne et que la valeur de l’achat ira décroissante. OK. Ça complique les choses. Faut connaître le sujet. Et alors ? Simplifier, ce n’est pas démocratiser. Parce qu’à chaque simplification, tu enlèves du sens. Plus ou moins. Et plus ou moins bien. Ne peuvent simplifier que ceux qui possèdent parfaitement le sujet, c’est à dire une poignée de spécialistes capables de savoir si ce qu’ils enlèvent pour simplifier est pertinent ou pas. Les autres ne simplifient pas, ils dégradent. Nous vivons une époque de savoir dégradé que l’on appelle démocratisation. C’est pour ça que je déteste Jack Lang, l’homme qui a fait croire aux libraires que seul le prix importait, l’homme qui voulait donner le bac à tout le monde, l’homme qui prétend que si tu sais faire du bruit, t’es un musicien, l’homme du nivellement par le bas, du nivellement par le bac. Mitterrand aurait du le coller à l’Economie, pas à la Culture ou à l’Education. Il nous aurait éradiqué le capitalisme en deux temps, trois mouvements. Juste en simplifiant les mécanismes financiers. On n’y pense pas assez : on simplifie la grammaire, on complique la Bourse. T’as moins d’outils pour comprendre des systèmes de plus en plus sophistiqués. Parce que quand tu places ton pognon, le contrat de ta banque, il est pas en verlan, il est en vrai bon vieux français où l’adverbe bien placé te nique sans que tu le vois. Remarque, si tu parles verlan, t’as pas de pognon à placer, c’est plus simple. Plus démocratique.